Les phrases qu'on nous dit...et qui nous font lever les yeux au ciel.
Vous savez, j’ai fini par comprendre quelque chose de fondamental dans ma vie de malade respiratoire :
le monde est rempli de gens qui pensent bien faire… mais qui n’ont absolument aucune idée de ce que respirer veut dire pour nous.
Et le plus drôle ?
Ce n’est jamais méchant, jamais volontaire.
C’est juste… mal calibré. Comme une chanson jouée dans la mauvaise tonalité.
Alors un jour, entre deux séances de “je reprends mon souffle comme je peux” et trois quintes de toux façon percussion improvisée, j’ai décidé de noter toutes ces petites phrases qu’on me sort régulièrement.
Ces pépites.
Ces bijoux.
Ces punchlines involontaires.
Parce qu’il faut le dire :
si l’humour ne guérira pas mes poumons…
il m’aide à garder le moral (et à ne pas lancer d’objets sur les gens).
Voilà donc un article léger, vrai, et un tout petit peu sarcastique, comme j’aime les écrire.
Si vous vous reconnaissez dans ces phrases, respirez un bon coup.
Et si vous les avez déjà prononcées… restez, on va apprendre deux-trois choses ensemble. 😉
Les phrases qu’on nous sort…
Ah, ces petites phrases.
Ces perles.
Ces bijoux de maladresse humaine qui brillent d’ignorance mais qui (par chance ?) ne tuent pas.
Si vous êtes malade du souffle, vous allez reconnaître chaque mot.
Si vous ne l’êtes pas… bienvenue dans notre réalité, version humour doux-amère.
“Respire profondément, ça va te faire du bien.”
Ah oui, Michel.
Bien sûr.
Je vais respirer profondément avec des alvéoles qui ressemblent à des ballons de baudruche de fête foraine ayant survécu à un week-end trop long.
C’est un peu comme dire à quelqu’un sans jambes :
“Cours un peu, ça te donnera de l’énergie !”
Spoiler : non.
“Tu tousses ? T’es malade ?”
Non, Sandra.
Je participe à un championnat international de clarinette pulmonaire.
Finale prévue en novembre.
Tenue de scène : mouchoirs et dignité fragile.
La vérité, c’est que nous avons des concerts live gratuits intégrés.
Pas toujours mélodieux, mais impressionnants.
Et surtout, sans bouton “mute”.
“Faut rester zen, le stress c’est mauvais pour la santé.”
Merci Captain Évidence !
J’étais justement en pleine réflexion :
“Tiens, pourquoi mon souffle bloque dès que je ressens une émotion ?”
Chez nous, tout coupe le souffle,
la joie, la colère, le stress, la visite imprévue, la pluie, les impôts…
On est connectés en Bluetooth émotionnel.
Sauf que ça déconnecte tout le temps.
“Mais t’as bonne mine !”
Ah, la phrase préférée du grand public.
Elle devrait être vendue en carte postale.
Oui, j’ai bonne mine.
C’est fou ce qu’un sourire bien placé peut cacher,
une cage thoracique en feu,
de la fatigue 200%,
et un souffle qui joue à cache-cache.
La maladie invisible :
on brille à l’extérieur,
on pédale dans la semoule à l’intérieur.
“Ah mais tu fumais, toi ?”
Et voilà.
La phrase-bombe.
Celle qui transforme n’importe quel malade respiratoire en dragon médiéval.
Oui, certains ont fumé.
Non, tout le monde n’a pas fumé.
Et surtout : ce n’est pas une punition divine.
Pollution, génétique, travail, infections, accidents de vie…
La vie est un peu plus complexe qu’un paquet de cigarettes, merci.
“T’es jeune, ça va s’arranger.”
Alors là…
Je m’étouffe. Littéralement.
Ce n’est pas une entorse.
Ce n’est pas un mauvais rhume.
Ce n’est pas une passade.
C’est chronique.
Et pas du genre “revient lundi entre 8h et 12h”.
Plutôt du genre “présent, collant, tenace, et ne prend jamais de vacances”.
Mais merci pour l’optimisme naïf.
Il est mignon.
Très.
Et malgré tout ça…
On sourit (souvent entre deux apnées involontaires),
on explique,
on éduque,
on répète,
on rit pour ne pas pleurer,
et surtout : on avance.
Parce que l’humour, c’est notre oxygène mental.
Et parce que chaque jour, on choisit la résilience, même quand nos poumons ne suivent pas.
Finalement…
On ne demande pas aux gens d’être parfaits.
Juste d’être un peu sensibles…
et d’éviter de dire :
“Respire un bon coup, ça ira mieux.”
Promis, si c’était si simple,
on aurait déjà écrit un livre, une comédie musicale
et peut-être même un tutoriel YouTube.
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